Isabelle Pierre (de son vrai nom Nicole Lapointe) est une chanteuse québécoise qui a connu beaucoup de succès vers la fin des années 1960 et le début des années 1970. Sa carrière, qui fut toutefois de courte durée, n’en demeure pas moins très intense, en particulier grâce à sa rencontre avec l’auteur-compositeur Stéphane Venne qui lui écrit une série de succès.
Isabelle Pierre aura été, avec entre autres Renée Claude et Emmanuelle, la représentante d’une époque de liberté et d’espoir d’un Québec en plein éveil culturel et politique.

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L’auteur-compositeur-interprète Michel Conte s’est directement inspiré, en 1971, du poème Evangeline, « A Tale of Acadie » de l’auteur américain Henry Wadsworth Longfellow (1847), pour écrire sa chanson sur Évangéline et son bel amant Gabriel. Isabelle Pierre l’enregistre pour la première fois en 1971 sur son album intitulé « Heureuse », chanson qui sera d’ailleurs son plus grand succès.
Michel Conte écrira à cet effet que « ... je ne saurais trop dire ce qui se passa lorsque je lus sur le socle de la statue le nom d’Evangéline. Quelque chose qui frappe à la porte de ma mémoire…le poème de Longfellow….une grande tristesse qui m’envahit… un choc inconscient mais suffisamment fort pour que je décide d’écrire une chanson sur cette femme qui me paraît être une héroïne de roman, une Yseult maritime, une Juliette nordique, une femme dont le courage me fait mal, dont l’espérance me donne envie de pleurer… »

Le « Grand Dérangement »

Si le personnage d’Évangéline est fictif, la déportation du peuple acadien auquel fait référence cette chanson, ne l’est évidemment pas. La Déportation des Acadiens, ou le « Grand Dérangement », est une expression utilisée pour désigner l’expropriation massive et la déportation des Acadiens, peuple francophone d’Amérique, lors de la prise de possession par les Britanniques d’une partie des anciennes colonies françaises en Amérique. Rappelons brièvement qu’en juillet 1755, environ 12 000 habitants acadiens, désarmés et sans défense, furent déracinés de leur patrie et envoyés par la force en exil vers des destinations qui leur étaient totalement inconnues. Les déportés étaient divisés par groupes d’âge et de sexe, puis embarqués sur les navires où l’on prenait soin de démembrer les familles. Ils se retrouvèrent ainsi éparpillés et abandonnés dans les colonies britanniques de la côte atlantique et cela, jusqu’en Louisiane. La majorité des populations se qualifiant encore « d’acadienne » se trouve aujourd’hui au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Écosse, à l’Île-du-Prince-Édouard, aux îles de la Madeleine et en Gaspésie (au Québec), à Terre-Neuve-et-Labrador, dans le Maine (États-Unis), et, évidemment en Louisiane et aux Iles Saint-Pierre-et-Miquelon. Des historiens américains estiment que, sur une population totale évaluée entre 12 000 et 18 000 Acadiens en 1755, de 7 500 à 9 000 périrent entre 1755 et 1763, soit des effets de la déportation, soit en tentant d’y échapper.

source : https://memoirechante.wordpress.com/tag/isabelle-pierre/

Les étoiles étaient dans le ciel
Toi dans les bras de Gabriel
Il faisait beau, c’était dimanche
Les cloches allaient bientôt sonner
Et tu allais te marier
Dans ta première robe blanche
L’automne était bien commencé
Les troupeaux étaient tous rentrés
Et parties toutes les sarcelles
Et le soir au son du violon
Les filles et surtout les garçons
T’auraient dit que tu étais belle

Évangéline, Évangéline

Mais les Anglais sont arrivés
Dans l’église ils ont enfermé
Tous les hommes de ton village
Et les femmes ont dû passer
Avec les enfants qui pleuraient
Toute la nuit sur le rivage
Au matin ils ont embarqué
Gabriel sur un grand voilier
Sans un adieu, sans un sourire
Et toute seule sur le quai
Tu as essayé de prier
Mais tu n’avais plus rien à dire

Évangéline, Évangéline

Alors pendant plus de vingt ans
Tu as recherché ton amant
À travers toute l’Amérique
Dans les plaines et les vallons
Chaque vent murmurait son nom
Comme la plus jolie musique
Même si ton cœur était mort
Ton amour grandissait plus fort
Dans le souvenir et l’absence
Il était toutes tes pensées
Et chaque jour il fleurissait
Dans le grand jardin du silence

Évangéline, Évangéline

Tu vécus dans le seul désir
De soulager et de guérir
Ceux qui souffraient plus que toi-même
Tu appris qu’au bout des chagrins
On trouve toujours un chemin
Qui mène à celui qui nous aime
Ainsi un dimanche matin
Tu entendis dans le lointain
Les carillons de ton village
Et soudain alors tu compris
Que tes épreuves étaient finies
Ainsi que le très long voyage

Évangéline, Évangéline

Devant toi était étendu
Sur un grabat un inconnu
Un vieillard mourant de faiblesse
Dans la lumière du matin
Son visage sembla soudain
Prendre les traits de sa jeunesse
Gabriel mourut dans tes bras
Sur sa bouche tu déposas
Un baiser long comme ta vie
Il faut avoir beaucoup aimé
Pour pouvoir encore trouver
La force de dire merci

Évangéline, Évangéline

Il existe encore aujourd’hui
Des gens qui vivent dans ton pays
Et qui de ton nom se souviennent
Car l’océan parle de toi
Les vents du sud portent ta voix
De la forêt jusqu’à la plaine
Ton nom c’est plus que l’Acadie
Plus que l’espoir d’une patrie
Ton nom dépasse les frontières
Ton nom c’est le nom de tous ceux
Qui malgré qu’ils soient malheureux
Croient en l’amour et qui espèrent

Évangéline, Évangéline
Évangéline, Évangéline
Edition